La Presse en Haïti

Une population à risque

Une nouvelle vague de violence frappe actuellement Haïti, alors que les résultats électoraux sont controversés. Les manifestations chaotiques (et parfois mortelles) se succèdent, le banditisme est omniprésent, tandis que les conditions de vie des Haïtiens ne cessent de se dégrader. Cette énième crise sociopolitique influence directement la santé de la population et favorise l’apparition de traumatismes et de troubles psychologiques. Le point sur huit facteurs de risques.

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Catastrophes naturelles

Déjà fortement touché par la pauvreté et l’instabilité, Haïti doit composer de surcroît avec une vulnérabilité aux catastrophes naturelles. Ouragans, cyclones, inondations et tremblements de terre se succèdent, sans laisser de répit à la population.

2008

Des ouragans (Hanna, Gustav et Ike) ont fait un millier de victimes et jeté à la rue des centaines de milliers de personnes.

2010

Le 12 janvier, un séisme d’une magnitude de 7,3 sur l’échelle de Richter a fait plus de 200 000 morts, tout autant de blessés.

2012

L’ouragan Sandy, qui a causé d’importantes inondations et des glissements de terrain, a fait plus de 50 morts et des milliers de sans-abri. Jusqu’à 70 % des récoltes ont été dévastées.

2015

La sécheresse qui sévit au pays a durement touché les récoltes, aggravant la situation d’insécurité alimentaire.

Sources : Enquête LAPOP 2011 (Latin American Public Opinion Project de l’Université Vanderbilt), Institut haïtien de la statistique et de l’informatique (IHSI), Commission nationale de lutte contre la drogue, Médecins sans frontières (MSF), UNICEF, Organisation mondiale de la santé (OMS), Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) 2014, Revue haïtienne de santé mentale.

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Violence domestique

60 % des enfants sont punis par châtiments corporels

200 000 enfants travaillent comme domestiques (restaveks), dont beaucoup sont violentés

1 homme sur 5 et 1 femme sur 4 (chez les 18-24 ans) ont subi au moins un événement d’agression sexuelle durant leur enfance

70 % des femmes rapportent avoir été victimes de violence (surtout conjugale)

1 adolescente sur 2 croit qu’il est acceptable qu’un homme batte sa femme

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Santé

62,7 ans : espérance de vie à la naissance (2012)

76/1000 : taux de mortalité infantile (moins de 5 ans), 2012

350/100 000 : taux de mortalité maternelle (grossesse ou accouchement) ajusté (2010)

1/4 des enfants de 5 ans et moins souffrent de malnutrition

3 millions d’Haïtiens ne mangent pas à leur faim

9000 morts : l’épidémie de choléra, introduite en 2010 après un siècle d’absence, a fait 750 000 malades. La maladie n’est toujours pas contenue au pays.

Moins de 30 % des services en santé sont publics

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Promiscuité

Haïti compte 10,5 millions d’habitants, dont la moitié habite en zone urbaine. Dans la ville de Port-au-Prince, où habitent 977 790 personnes, la densité est particulièrement élevée : 38 663 habitants/km2. C’est 100 fois plus élevé que dans l’ensemble du pays, à 393,25 habitants/km2. À Montréal, la densité est de 3992,5 habitants/km2.

Une telle « densité urbaine engendre de multiples problèmes : surpeuplement, pollution de l’environnement, promiscuité psychique et sexuelle, violence, pauvreté, etc. », indiquent le Dr Frantz Raphaël et le professeur Yves Lecomte dans leur Plaidoyer pour une politique de santé mentale en Haïti.

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Alcool et drogues

La consommation abusive d’alcool et de drogues est un problème répandu en Haïti et commence tôt.

Parmi les élèves du secondaire : 

55 % ont déjà consommé de l’alcool, 21 % en consomment régulièrement

23 % ont déjà consommé une drogue illicite quelconque (3 % marijuana, 2,3 % cocaïne, 2,5 % crack)

11 % ont déjà consommé des tranquillisants sans ordonnance

14 ans : âge moyen d’initiation à la consommation de drogues comme la marijuana et la cocaïne

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Déplacements

« On assiste à une migration des gens de la campagne vers la capitale à la recherche d’une vie heureuse, dit le psychiatre Roger Malary. Les gens sont déracinés de leur milieu habituel, fait de grands espaces, de chevaux et de bourriques, et arrivent dans une agglomération où l’on vit dans des conditions sous-humaines. »

Le déplacement est parfois forcé. Lors du séisme de 2010, 1,5 million d’Haïtiens se sont retrouvés à la rue. Au début de 2015, 85 432 personnes résidaient encore dans 123 camps de personnes déplacées.

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PAUVRETÉ

72 % des Haïtiens vivent sous le seuil de la pauvreté, avec moins de 117 gourdes par jour (2,00 US $ ou 2,84 $ CAN)

50 % des Haïtiens vivent dans une pauvreté extrême, avec moins de 59 gourdes par jour (1,00 US $ ou 1,42 $ CAN).

À Port-au-Prince, le taux de chômage est de 49 % (en excluant l’économie illicite).

Plus de 6 millions d’Haïtiens ne parviennent pas à subvenir à leurs besoins de base : 

Dentifrice (8 oz) : 200 gourdes (4,85 $)

Savon (75 g) : 40 gourdes (0,96 $)

Lait évaporé (160 ml) : 25 gourdes (0,60 $)

Essence (1 gallon) : 190 gourdes (4,60 $)

161e sur 187 pays

Haïti se classe au dernier rang du continent dans le rapport du développement humain du PNUD en 2013 et, à l’échelle planétaire, le pays se classe juste devant l’Afghanistan.

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Insécurité chronique

« Le climat de terreur qui règne dans certaines zones du pays crée un manque de sécurité chronique et suscite d’importantes angoisses », indique la psychologue Norah Desroches Salnave dans la Revue haïtienne de santé mentale. À Port-au-Prince, elle reçoit de jeunes patients, « dont plus de 40 % pour des causes reliées à la violence, aux kidnappings, à la mort de proches, aux viols, aux violences des gangs de rue ». Les conséquences : retards de développement, troubles affectifs, problèmes de comportement, difficultés scolaires et sociales, etc.

-90 % des urgences hospitalières concernent des blessures causées par des armes mortelles

-78 % des Haïtiens estiment que les habitants de leur quartier ne sont « pas dignes de confiance » (LAPOP, 2011)

-20 % des Haïtiens ne croient pas la police capable de les protéger (LAPOP, 2011)

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